Hervé Street (2/2) – « Toujours se comporter en gentlemen »

Aujourd’hui, Paris vu du ciel dévoile la seconde partie de son entretien avec Hervé Street. Dans celle-ci, nous nous sommes plus particulièrement intéressés à ce qui fait l’identité du club ciel et blanc. Pour son président, les Racingmen sont avant tout des gentlemen et se doivent de perpétuer une tradition du football courtois.

– PVDC : Cette saison, le Stade de Reims a fait son grand retour en Ligue 1. Le club était pourtant dans une situation comparable à celle du Racing il y a quelques années (1). Cela vous inspire ?

– Hervé Street : Le Stade de Reims, figurez-vous que c’est le club de mon enfance. Je suis allé souvent à l’ancien stade Auguste-Delaune entre 1974-1977 voir jouer une équipe pour qui j’ai beaucoup de tendresse. Ce qui m’inspire surtout dans leur parcours, c’est l’humilité des gens qui ont repris le club, qui ont travaillé, qui ont fait un groupe qui fonctionne bien. Ils ont réussi à mobiliser autour de leur projet une ville, une région. Ils ont beaucoup travaillé pour avoir une stabilité à toute épreuve. Le début de saison de Reims en Ligue 1 est extrêmement qualitatif et l’on voit clairement que le groupe vit bien. Reims, c’est deux finales de Coupe d’Europe, c’est l’un des plus grands palmarès du football français. Les voir à nouveau en Ligue 1, c’est forcément une bonne chose. Une affiche Reims-Racing, ça ferait rêver même si elle a eu lieu la saison dernière en CFA2 (2) devant 200 personnes qui se rappelaient le temps où ces clubs étaient au top (sourires).

– Ce parfum de légende dont vous parlez, existe-t-il encore justement ?

– Le Racing, ça reste et ça restera le Racing. Au stade, les gens qui viennent voir les ciels et blancs savent l’histoire du club. Après tout, l’époque du Matra n’est pas si éloignée et les gens se rappellent des joueurs qui formaient l’équipe : Luis Fernandez, Enzo Francescoli, Pierre Littbarski ou Pascal Olmeta (3). C’était une équipe qui avait de la gueule. Ceux qui ont connu ça sont sans doute un peu nostalgiques et aimeraient bien voir le Racing remonter et gagner des choses.

– On parle régulièrement d’un second grand club à Paris. Que vous inspire ce serpent de mer ? Le Racing peut-il incarner ce club là ? Est-il le plus légitime ?

– Vous avez quand même le Paris FC, le Red Star ou même Créteil qui peuvent incarner ce que l’on appelle le Grand Paris. Paris mérite un deuxième grand club, c’est certain. Quand on voit toutes les grandes capitales européennes disposent au moins de deux grands clubs. En Angleterre, on en trouve six à Londres.  En France, cela reste tout de même très compliqué et le prestige du nom du Racing n’est pas suffisant pour monter (sourires). Il faut beaucoup d’ingrédients pour arriver à installer durablement un second club parisien dans l’élite.  Passer dans le monde pro, ça se prépare, notamment dans les mentalités.

– Un financement massif,comparable de près ou de loin à ce que l’on peut voir au Paris Saint-Germain, c’est possible au Racing ?

– J’en serais ravi pour le club. Aujourd’hui la situation économique n’est pas facile. Si un jour un mécène se décide, pourquoi pas, mais ma principale ambition est de pérenniser l’héritage du club et de permettre à toutes nos équipes de continuer à jouer au football. Si un évènement heureux nous arrive, on en sera les premiers satisfaits mais encore une fois, on se doit de se rappeler où l’on veut aller et ce que l’on ne veut pas laisser en route (l’état d’esprit, l’envie, le plaisir, le comportement). On ne fera pas de compromis là-dessus : on n’est pas prêt à perdre notre âme.

– Cette volonté de fraîcheur, c’est ce à quoi vous aspirez, avant tout autre considération sportive ?

– Les valeurs du foot sont de jolies valeurs, malgré tout ce que l’on peut en dire. Le collectif, la vie en groupe, le respect de l’adversaire, des arbitres des spectateurs, tout cela existe encore dans le football. Le Racing a une grande tradition éducative. Ces valeurs que nous défendons, nous souhaitons véritablement se les approprier. D’ailleurs, si vous regardez tous nos matches, je ne pense pas que vous ayez vu un mauvais geste de la part d’un de nos joueurs. Un tacle en retard, un geste viril, on peut en voir, mais jamais de bagarre ni de provocations. Dans le recrutement, c’est précisément ce que l’on va regarder en premier lieu. On est très, très vigilants au comportement de l’équipe. Notre premier objectif que l’on se fixe en début de saison est de toujours se comporter en gentlemen. C’est absolument fondamental. Notre premier souci, c’est de trouver des garçons qui disposent de véritables qualités humaines. Le Racing a un rôle social et j’y suis particulièrement attaché.

Nous tenons à remercier tout particulièrement Hervé Street pour nous avoir accordé quelques instants.

Notes :

(1) Après sa liquidation judiciaire en 1991, le Stade de Reims se retrouve finalement en Divsion d’Honneur (6e échelon du football français).

(2) La saison dernière, le Racing et le Stade de Reims B ont fait match nul à Colombes (1/1).

(3) De 1984 à 1989, le groupe Matra investit dans le RCF et offre aux supporters une équipe de très haut niveau. Malheureusement, malgré l’argent dépensé, le club ne parvient pas à réaliser ses objectifs sportifs et reste dans le ventre mou du championnat de D1.

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